Cet été, Pierre Assouline a proposé à ses camarades de l’Académie Goncourt de sélectionner, pour leur prix de novembre, «Homère est morte…» d’Hélène Cixous (Galilée, 240 p., 26 euros).
Il n’a pas eu gain de cause, mais son idée n’a pas dû passer totalement inaperçue: plusieurs membres de l’Académie Goncourt figurent aussi au jury du Prix de la langue française, qui, après avoir très justement récompensé Jean Rolin l’an passé, vient précisément d’être attribué à Hélène Cixous.
C’est pour la «façon importante» dont son «œuvre a contribué à illustrer la qualité et la beauté de la langue française». L’œuvre en question compte en effet une soixantaine de titres où l’on trouve aussi bien de savants essais consacrés à Joyce, Kafka ou Blanchot, que des fictions autobiographiques qui ne ressemblent qu’à elles-mêmes.
La mère d’Hélène Cixous en est une héroïne récurrente: c'est encore le cas dans le récent «Homère est morte…» qui, dit Assouline sur son site, rapporte son agonie au fil d'un «récit bouleversant dénué de pathos». Mais les autres protagonistes en sont souvent les mots eux-mêmes, et la manière dont ils s’appellent les uns les autres, s’attirent, se repoussent, s’auto-engendrent pour remplir les pages en tournant autour de leur sujet comme une matière vivante.
Cette proche de Foucault et Derrida, née en 1937 à Oran, qui fut aussi la dramaturge d’Ariane Mnouchkine et la pionnière du Centre d’études féminines de Paris-VIII à Vincennes, prendra-t-elle le fameux train du cholestérol, le 7 novembre prochain, pour se rendre à la Foire de Brive? C’est en tout cas là que le prix, doté de 10.000 euros par la Ville de Brive, sera remis à Hélène Cixous en préambule d’une rencontre animée par Laure Adler.
Et si l’on compte bien, la voilà donc lauréate d’un prix qui, depuis qu’il a distingué Jean Tardieu en 1986, n’en avait couronné que trois jusqu’ici: Jacqueline de Romilly en 1987, Christiane Singer en 2006, et Annie Ernaux en 2008.